Besoins et défis au quotidien

A Piéla, la plupart des familles habitent dans des cases rondes faites en banco et en paille ou dans des maisons en tôle. Elles vivent de l’agriculture, de l’élevage ou de petits commerces.

Le principal obstacle au développement est l’isolement du village. Les fruits n’y sont pas importés et les évacuations d’urgence se font difficilement.

Le taux d’alphabétisation est inférieur à 20%. Même les enfants scolarisés auront des difficultés pour apprendre s’ils ne sont pas bien nourris. On ne compte que deux médecins pour 40 000 habitants dans la région. Le SIDA continue à faire des ravages et les gens n’osent pas en parler de peur d’être rejetés par les leurs.

La base de l’alimentation dans la Province de Gnagna est le sorgho, une plante riche qui peut pousser dans des conditions très rudes. Les graines sont plantées dès les premières pluies de fin mai et on récolte en septembre. Les réserves sont stockées dans les greniers, mais lorsqu’elles s’épuisent (vers le mois de mai, fin de la saison sèche), beaucoup de familles se trouvent obligées de s’endetter pour vivre. C’est alors que commence la période de soudure qui peut durer jusqu’à quatre mois, en attendant la récolte suivante. Voici comment quelques habitants locaux vivent « la grande débrouille » :

« Nous voilà au mois de mai et nos greniers sont vides. Demain, je pars au marché de Bogandé pour essayer de trouver un peu de sorgho. Cela va me prendre toute la journée et je vais dépenser tout ce que mon neveu m’a envoyé comme aide de Côte d’Ivoire. Le sorgho que je vais trouver demain sera très cher. Ceux qui arrivent à en garder jusqu’à « la saison propice » comme on l’appelle vont se faire de l’argent. Ce n’est pas très honnête, mais ici il n’y a pas de réglementation du marché et des prix… »

« Demain soir, il y aura du sorgho au repas et gare à celui qui ne sera pas à temps à table, car après trois jours la réserve sera épuisée et au menu il n’y aura plus que des racines bouillies… »

« La semaine prochaine, j’attacherai deux poulets sur le porte bagage de ma bicyclette. J’irai négocier leur prix sur le marché de Kaya. Je n’aime pas de vider mon poulailler mais il faut que ma famille puisse vivre. Cette quête de pitance me prend tout mon temps et mon énergie, parfois je me demande si nous ne devrions pas partir ailleurs… »

Retour à la page « Piéla »